Le 15 février 2013, un astéroïde d'environ 18 mètres de diamètre est entré dans l'atmosphère terrestre au-dessus de la Russie. Ce superbolide, qui n'a heureusement fait aucun mort, a tout de même blessé indirectement près de 1 500 personnes et a endommagé plus de 7 000 bâtiments. Dix ans après, cet événement nous rappelle la nécessité d'améliorer notre capacité à détecter ces petits corps et à s'en protéger.


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    Il y a quelques jours à peine, ce 13 février, à 4 heures du matin, un météoroïde d'environ un mètre, désigné 2023 CX1, a fait une entrée remarquée dans l'atmosphèreatmosphère terrestre au-dessus de la Manche, à proximité des côtes normandes. Ce petit corps avait été repéré dans l'espace un peu plus de sept heures auparavant, ce qui avait permis de prédire précisément le lieu et l'heure de son impact. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour tous les impacteurs. Pour un objet aussi petit que celui de ce lundi, ce n'est pas bien grave, de tels événements qui se produisent en moyenne deux fois par mois ne causant aucun dégât, produisant seulement un beau bolide (une grosse étoile filante) dans le ciel. En revanche, pour des corps sensiblement plus gros, les conséquences peuvent être plus graves...

    La double traînée de la météorite de Tcheliabinsk photographiée alors qu'elle fendait le ciel de l'Oural, le matin du 15 février 2013. L'analyse des fragments raconte l'histoire de ce gros rocher depuis qu'il a quitté la ceinture principale d'astéroïdes. © M. Ahmetvaleev
    La double traînée de la météorite de Tcheliabinsk photographiée alors qu'elle fendait le ciel de l'Oural, le matin du 15 février 2013. L'analyse des fragments raconte l'histoire de ce gros rocher depuis qu'il a quitté la ceinture principale d'astéroïdes. © M. Ahmetvaleev

    Tcheliabinsk, 15 février 2013…

    Il y a 10 ans aujourd'hui, vers 9 h 20 heure de Iekaterinbourg (3 h 20 UTC, 4 h 20 heure de Paris), un astéroïde d'un diamètre d'environ 18 mètres et d'une masse de 10 000 tonnes est entré à environ 19 kilomètres par seconde (69 000 km/h) dans l'atmosphère terrestre au-dessus du sud de l'Oural, en Russie. Son entrée dans l'atmosphère fut pratiquement horizontale, avec un angle de seulement 18°. Après avoir parcouru plusieurs milliers de kilomètres d'est en ouest, le petit corps s'est désintégré un peu moins de 30 kilomètres au-dessus de l'oblast de Tcheliabinsk.

    Carte de l'oblast de Tcheliabinsk. © Nzeemin, Mutichou, TUBS et SenseiAC, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 4.0
    Carte de l'oblast de Tcheliabinsk. © Nzeemin, Mutichou, TUBS et SenseiAC, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Trois explosions furent entendues, la première étant la plus importante. Les mesures infrason et sismiques permettent d'estimer l'énergieénergie totale dégagée par l'événement à environ 440 kilotonnes de TNT (1,8 × 1015 joulesjoules), ce qui équivaut à environ 30 fois l'énergie libérée par la bombe atomique larguée sur Hiroshima. Lorsque l'onde de choc créée par le superbolide est arrivée au sol, elle a provoqué des dégâts, notamment dans la ville de Tcheliabinsk qui abrite 1,1 million d'habitants. Outre la panique engendrée, environ 1 500 personnes ont été blessées de façon indirecte, principalement à cause d'éclats de vitresvitres. Quelque 7 200 bâtiments dans six villes de la région ont été endommagés. Fort heureusement, aucun mort ne fut à déplorer.

    Les fragments de l'impacteur n'ont semble-t-il occasionné aucun dégât par eux-mêmes. Ils se sont écrasés à plusieurs dizaines de kilomètres au sud-ouest de Tcheliabinsk, créant des cratères d'impact près de Tchebarkoul et Zlatooust. Cinquante-trois fragments de ce qui fut alors baptisé la météoritemétéorite de Tcheliabinsk -- le plus gros atteignant 5 kilogrammeskilogrammes -- furent trouvés par les scientifiques à proximité d'un trou de 6 mètres de large dans la glace du lac Tchebarkoul, que l'on pense être le résultat de l'impact d'un unique fragment.

    En juin 2013, des scientifiques russes ont rapporté qu'une enquête plus approfondie par imagerie magnétique sous l'emplacement du trou avait identifié une météorite de 60 centimètres de large enfouie dans la boue au fond du lac. Une opération de récupération eu lieu du 10 au 16 octobre 2013, remontant un bloc de 540 kilogrammes.

    Fragments de la météorite de Tcheliabinsk trouvés sur le sol. © Alexander Sapozhnikov, <em>Wikimedia Commons</em>
    Fragments de la météorite de Tcheliabinsk trouvés sur le sol. © Alexander Sapozhnikov, Wikimedia Commons

    Un astéroïde caché par le Soleil

    Pourquoi cet astéroïdeastéroïde ne fut-il pas repéré avant son impact sur Terre ? La réponse est simple : l'astéroïde se dirigeait vers la Terre depuis la direction du SoleilSoleil. Autrement dit, dans les semaines précédant son impact, l'astéroïde était dans le ciel de jour, à proximité du Soleil, ce qui rendait toute observation impossible.

    D'après les estimations faites après l'impact, l'astéroïde à l'origine du superbolide de Tcheliabinsk était un géocroiseurgéocroiseur de type Apollon, avec un demi-grand axedemi-grand axe probablement un peu au-delà de celui de Mars (≈ 1,6 unité astronomiqueunité astronomique, 1 ua correspondant à la distance Terre-Soleil). Il serait passé au périhéliepérihélie (le point de son orbiteorbite le plus proche du Soleil), un peu au-delà de l'orbite de VénusVénus (≈ 0,76 ua), environ 40 jours avant l'impact. L'orbite de ce petit corps était relativement excentrique (e ≈ 0,5) et peu inclinée (i ≈ 4°)).

    L'impact a eu lieu quelques minutes après le lever du soleil, à Tcheliabinsk, et quelques minutes avant le lever du soleil à Iekaterinbourg. Le bolide fut alors plus brillant que le soleil. Une image put par ailleurs être prise peu après l'entrée dans l'atmosphère par le satellite météométéo Meteosat 9.

    On estime qu'un astéroïde de 20 mètres rencontre la Terre en moyenne une fois tous les 60 ans. Au cours du XXe siècle, deux événements d'énergie comparable ou supérieure sont suspectés d'avoir été produits par l'impact d'un petit corps céleste : l'événement de la Toungouskaévénement de la Toungouska, le 30 juin 1908 en Sibérie centrale, et l'événement du 3 août 1963 à proximité des îles du Prince-Édouard, en Afrique du Sud.