Des fossiles d’hominidés datant de l'âge de pierre ont été trouvés en Chine. Ces Hommes préhistoriques, présentant des caractères anatomiques à la fois archaïques, modernes et inconnus, sont bien difficiles à classer. Quoi qu’il en soit, ils ouvrent une nouvelle fenêtre sur l’histoire de l’Homme et de ses migrations dans la région la plus peuplée du monde.  

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    Fragments de crâne trouvés dans une grotte près du village de Longlin en Chine. Ils datent d'une époque marquant la transition entre le Pléistocène et l'Holocène. La barre d'échelle représente 1 cm. © Darren Curnoe et al. 2012, Plos One

    Fragments de crâne trouvés dans une grotte près du village de Longlin en Chine. Ils datent d'une époque marquant la transition entre le Pléistocène et l'Holocène. La barre d'échelle représente 1 cm. © Darren Curnoe et al. 2012, Plos One

    L'histoire évolutive de l'Homme moderne est un sujet passionnant. Mais qu'en savons-nous au juste ? Selon une étude publiée dans la revue Nature, nos ancêtres originaires de l'Afrique subsaharienne seraient partis à la conquête de l'Europe et de l'Asie il y a environ 100.000 ans. Ils se seraient alors progressivement transformés pour donner naissance à l'Homme de Cro-Magnon, Homo sapiens sapiens, il y a quelque 40.000 ans.

    L'installation de l'Homme en Europe est relativement bien documentée. En revanche, les informations retraçant son évolution sur le continent est-asiatique sont peu nombreuses. Cette région abrite pourtant plus de la moitié de la population mondiale actuelle. Cette méconnaissance est principalement due à un facteur : le manque de fossiles. Pourtant deux découvertes majeures ont été faites en 2007 : des fragments de crânescrânes d'hominidés trouvés à Xuchang, dans la province de Henan, âgés de 80.000 à 100.000 ans, et à Zhoukoudian, près de Pékin, datés entre 38.500 et 42.000 ans.

    Quatre nouveaux squelettes découverts dans le sud-ouest de la Chine viennent aujourd'hui compléter les données disponibles. Âgés de 11.500 à 14.500 ans, ils présentent à la fois des caractères archaïques et modernes. Ils appartenaient à un peuple de l'âge de pierreâge de pierre qui a dû cohabiter avec l'Homme moderne. Ces découvertes, publiées dans la revue Plos One, ont été faites par une équipe de chercheurs dirigée par Darren Curnoe, University of New South Wales, et Ji Xueping, Yunnan Institute of Cultural Relics and Archeology.

    Reconstruction artistique de l'apparence des Hommes préhistoriques trouvés dans la grotte du cerf rouge de Maludong et près du village de Longlin. © Peter Schouten

    Reconstruction artistique de l'apparence des Hommes préhistoriques trouvés dans la grotte du cerf rouge de Maludong et près du village de Longlin. © Peter Schouten

    Des Hommes préhistoriques bien difficiles à classer

    Les trois premiers individus ont été trouvés dans une grotte à Maludong (province de Yunnan) en 1989. Leur étude a seulement débuté en 2008. Le quatrième squelette provient quant à lui d'une cavité trouvée à proximité du village de Longlin (province de Guangxi). Il a été découvert en 1979, mais n'a été libéré de la roche qu'en 2009. Tous les individus mis au jour ont des crânes et des dents semblables présentant des caractères anatomiques connus et... inconnus.

    Sur base des détails observés, l'équipe émet deux hypothèses :

    • il pourrait s'agir d'une espèce inconnue ayant survécu jusqu'à la fin de la période glaciairepériode glaciaire il y a 11.000 ans ;
    • il représente peut-être les descendants d'humains ayant effectué une migration plus tôt que prévu, et inconnue à ce jour, hors de l’Afrique. Dans ce cas, ce peuple n'a pas contribué génétiquement au développement des Hommes vivant actuellement sur place.

    Face à cette alternative, les spécimens trouvés n'ont pas été classés et n'ont donc pas de nom scientifique, pour le moment. Ils sont simplement appelés « Hommes de la grotte du cerf rouge » (Red Deer Cave ; en hommage à cet animal disparu dont des restes ont été trouvés à Maludong).

    Quoi qu'il en soit, l'une des hypothèses affirmant que l'Homme moderne n'a pas dû rencontrer de cousins en arrivant en Asie est mise à mal.

    Ces fossiles, qui seraient les plus jeunes jamais trouvés sur le continent est-asiatique, fournissent un nouvel aperçu sur une des étapes de l'évolution de l’Homme