Les allergies alimentaires sont en forte augmentation dans de nombreux pays. Des chercheurs pensent avoir identifié un coupable : les produits terminaux de la glycation, des composés qui se forment lors de la cuisson et qui sont présents en grande quantité dans les aliments industriels. Mais les scientifiques sont divisés sur le lien de cause à effet et avancent de nombreuses autres explications possibles.


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    Les allergies alimentaires sont en forte augmentation dans certains pays depuis 10 ans. « On estime qu'environ 3,6 % sont touchés avant l'âge de 17 ans en Europe », selon Dominique Sabouraud-Leclerc, chef du service de pédiatrie au CHU de Reims. Ainsi, 10 % des petits Australiens seraient même concernés et l'augmentation touche également les pays en développement comme la Chine ou l'Afrique.

    Les AGE, des substances aux effets délétères

    Une nouvelle étude présentée le 8 juin lors du 52e Congrès annuel de la Société européenne de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques (ESPGHAN) vient peut-être de trouver un coupable : les produits terminaux de la glycation (AGE en anglais pour Advanced Glycation End products)), des composés issus de la réaction entre un sucre et une protéine qui se forment lors de la cuisson des aliments (réaction de Maillard). C'est cette dernière qui donne leur belle couleur dorée au pain, aux biscuits et aux produits de pâtisserie. Mais on trouve aussi des AGE dans tous les aliments frits comme les chips, les frites, les gratins, les viandes rôties, les gratins, le café ou le cacao (qui sont torréfiés). Les AGE sont naturellement fabriqués par notre corps, mais ceux issus de l'alimentation viennent s'y rajouter. Or, plusieurs études ont montré le rôle de ces AGE dans le développement du diabètediabète, de l'athéroscléroseathérosclérose ou des maladies neurodégénérativesmaladies neurodégénératives.

    Les produits terminaux de la glycation (AGE) se trouvent en grande quantité dans les aliments frits ou cuits à haute température. © koss13, Fotolia
    Les produits terminaux de la glycation (AGE) se trouvent en grande quantité dans les aliments frits ou cuits à haute température. © koss13, Fotolia

    Pour leur nouvelle étude, les chercheurs de l'Université de Naples Federico II ont suivi trois groupes d'enfants âgés de 6 à 12 ans et ont constaté une corrélation entre les niveaux sous-cutanéssous-cutanés d'AGE et la consommation de malbouffemalbouffe. Les enfants souffrant d'allergies alimentaires ont des niveaux d'AGE significativement plus élevés que les enfants souffrant d'allergies respiratoires ou n'ayant aucune allergie. « Nous n'avions pas trouvé jusqu'à présent de véritable explication à l'augmentation des allergies alimentaires. Les AGE alimentaires pourraient être le lien manquant », explique Roberto Berni Canani, principal auteur de l'étude.

    Allergies : quelles en sont les causes ?

    Il est en effet tentant d'établir un lien entre l'augmentation des allergies alimentaires et la consommation de malbouffe. Mais corrélation ne veut pas dire cause : est-ce que ce ne serait pas l'allergie elle-même qui entraînerait une augmentation du taux d'AGE ? De nombreuses autres pistes ont déjà été avancées pour expliquer la hausse des allergies. « La nourriture industrielle est habituellement pauvre en variété de protéines, ce qui pourrait favoriser les allergies », suggère par exemple Wendy Sue Swanson, pédiatrepédiatre à l'hôpital pour enfants de Seattle, sur le site Healthline.

    De nombreux autres facteurs sont mis en cause : un manque de diversité alimentaire, une carencecarence en vitamine D ou en fibres, les pesticidespesticides, l'appauvrissement du microbiotemicrobiote, la consommation d’antibiotiques ou même le réchauffement climatiqueréchauffement climatique qui rendrait certaines plantes plus allergènesallergènes ou encore via les allergies croisées au pollenpollen.

    Allergie : introduire les nouveaux aliments plus tôt

    Les pédiatres recommandent par ailleurs une introduction plus précoce des aliments allergènes (œufs, arachidearachide, poissonpoisson...) dans l'alimentation « dès l'âge de 4 ou 6 mois lorsque le système immunitairesystème immunitaire est encore en développement », conseille Wendy Sue Swanson. Or, le Programme national nutrition santé (PNNS) recommande un allaitement exclusifallaitement exclusif au lait maternellait maternel ou au lait infantile jusqu'à 6 mois, regrette Dominique Sabouraud-Leclerc. « Il faudrait le faire évoluer [...] et peut-être même proposer dès la naissance de petites quantités de lait de vachevache chez les enfants nourris au sein pour prévenir des allergies à cet aliment ».

    Quoiqu'il en soit, limiter la consommation d'aliments ultratransformésaliments ultratransformés chez les enfants ne peut qu'être bénéfique pour leur santé. Car la malbouffe favorise aussi le diabète et l'obésitéobésité, elle aussi devenue un véritable fléau. Elle aurait aussi des conséquences sur leur cerveau. Chez les adultes, la nourriture industrielle augmente le risque de mortalité, de maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires et de cancer.


    Asthme, allergies : les fast-foods aggraveraient-ils les symptômes ?

    Article de Janlou ChaputJanlou Chaput publié le 18/01/2013

    Une étude menée sur 500.000 enfants et adolescents suggère un lien possible entre le régime alimentaire et la sévérité des symptômessymptômes de l'asthmeasthme, de rhinitesrhinites allergiques ou de l'eczémaeczéma. Seule une alimentation composée de hamburgers au moins trois fois par semaine aggraverait les troubles, quand, à l'inverse, les fruits s'avéreraient bénéfiques.

    L'alimentation est une composante essentielle de notre bonne santé. Souvent, on associe le régime hypercalorique, à base de fast-foods et autres produits gras, à des perturbations métaboliques conduisant à l'obésité, au diabète et des maladies cardiovasculaires.

    Le lien avec les troubles respiratoires et allergiques paraît en effet beaucoup moins évident. Pourtant, des recherches passées précisaient que certains aliments, notamment le lait, les œufs, les produits de la mer ou des colorants, risquaient d'aggraver les symptômes de l'asthme, des allergies ou de l'eczéma.

    Une vaste étude menée par des chercheurs de différents pays, sous la houlette de scientifiques de l'université d’Auckland (Nouvelle-Zélande), s'est intéressée à l'impact du régime alimentaire sur la sévérité des troubles respiratoires et cutanés chez des jeunes. Elle suggère l'impact négatif des fast-foods et l'effet bénéfique des fruits.

    Des hamburgers qui pourraient aggraver l’asthme

    Les auteurs ont envoyé des questionnaires à 319.000 adolescents de 13 à 14 ans de 51 pays du monde ou aux parents de 181.000 enfants de 6 à 7 ans vivant dans 31 nations différentes. Les sujets de l'étude devaient mentionner leurs habitudes alimentaires et la fréquence de consommation hebdomadaire d'une longue liste d'aliments. En parallèle, il leur était demandé de préciser la fréquence des crises d’asthme, d’allergie ou d'eczéma mais aussi leur sévérité, à savoir d'éventuelles interférencesinterférences avec la vie quotidienne ou la qualité du sommeil durant les 12 derniers mois.

    L'asthme et l'eczéma peuvent apparaître pour des raisons allergiques. Les allergies se manifestent de plusieurs façons, aussi bien par des congestions nasales, des éternuements ou des réactions cutanées. © Mcfarlando, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by 2.0
    L'asthme et l'eczéma peuvent apparaître pour des raisons allergiques. Les allergies se manifestent de plusieurs façons, aussi bien par des congestions nasales, des éternuements ou des réactions cutanées. © Mcfarlando, Wikimedia Commons, cc by 2.0

    Seuls les hamburgers, à hauteur de trois fois par semaine, semblaient dégrader la santé de ces jeunes. Pour les adolescents, une telle alimentation est associée à une augmentation de 39 % des risques d'asthme sévèreasthme sévère. Chez les enfants, cette probabilité s'élève de 27 %. Dans des proportions moindres, ces sandwichs aggraveraient les symptômes des rhinites allergiques et de l'eczéma.

    En revanche, la consommation d'au moins trois fruits par semaine (soit beaucoup moins que les recommandations qui en préconisent cinq par jour en France) atténue les risques de 11 % pour les adolescents et de 14 % pour les enfants.

    Faut-il mettre les allergiques au régime ?

    Pour les auteurs, cette différence entre les deux catégories d'âge tiendrait à l'indépendance plus importante des adolescents, leur permettant d'avoir plus de contrôle sur leur alimentation, mais cela n'est encore qu'une hypothèse.

    En revanche, les scientifiques insistent pour dire que ce travail n'établit qu'une association possible entre fast-food et sévérité de l'asthme, expliquant l'emploi du conditionnel. Des investigations plus poussées s'avèrent nécessaires pour confirmer le lien de cause à effet, auquel cas les conséquences seraient importantes. En règle générale, les médecins ne prescrivent aucun régime alimentaire particulier pour les patients asthmatiques. Les recommandations pourraient alors évoluer.

    D'un point de vue biologique, de telles conclusions, publiées dans Thorax, sont tout à fait plausibles. Les fast-foods sont célèbres pour leurs acides gras saturésacides gras saturés et leurs graisses trans, connues pour altérer l'immunitéimmunité. À l'inverse, les fruits contiennent des vitaminesvitamines et des antioxydants bénéfiques pour la santé des cellules. Reste à déterminer si cela est suffisant pour expliquer les résultats observés.