L’été n’a jamais été aussi chaud en 2 000 ans dans notre hémisphère nord qu’au cours de l’été 2023 ! C’est ce que nous apprend aujourd’hui une équipe internationale de chercheurs. Mais comment peuvent-ils être aussi affirmatifs alors que les instruments n’ont commencé à enregistrer les températures qu’il y a à peine 200 ans ?


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    2023 a été l'année la plus chaude... depuis le début des enregistrements. Et les enregistrements météorologiques en question ont commencé essentiellement au milieu du XIXe siècle. Au mieux, au début des années 1850. À l'échelle de la planète, la référence n'est donc pas spécialement significative, renvoient volontiers les climatosceptiques. Mais des chercheurs de l'université de Cambridge (Royaume-Uni), de l'université Masaryk (République tchèque) et de l'université Johannes GutenbergJohannes Gutenberg (Allemagne) sont allés plus loin. Ils affirment que l'été 2023 a été l'été le plus chaud de l'hémisphère nord au cours des 2 000 dernières années.

    Le saviez-vous ? Le réchauffement climatique a été mis en évidence pour la première fois en... 1856 ! Découvrez l'histoire de la femme qui l'a démontré dans Chasseurs de Science. © Futura

    Comment peuvent-ils le savoir alors que les premiers relevés météorologiques instrumentaux systématiques ne remontent pas à plus de 200 ans ? Grâce à l'étude des cernes des arbres, expliquent-ils dans la revue Nature. Avant d'assurer que leurs résultats sont de ce fait particulièrement robustes. Plus encore que ceux basés sur les enregistrements datant d'avant 1900 qui demeurent rares et parfois incohérents.

    Image du site Futura Sciences

    Une équipe internationale de chercheurs a étudié les cernes des arbres de l’hémisphère nord pour en apprendre plus sur l’évolution des températures estivales moyennes au cours de ces 2 000 dernières années. © Ulf Buentgen, Académie des sciences de République tchèque, Université Masaryk, Université de Cambridge

    Un été 2023 plus de 2 °C plus chaud

    La première chose que les chercheurs ont découverte, c'est que la température de référence du XIXe siècle, celle que l'on utilise volontiers pour contextualiser le réchauffement climatique anthropique était en réalité de plusieurs dixièmes de degré Celsiusdegré Celsius plus froide qu'on ne le pensait auparavant. Les auteurs de l'étude estiment ainsi que les conditions de l'été 2023 dans l'hémisphère nord étaient 2,07 °C plus chaudes que les températures estivales moyennes entre 1850 et 1900. Et plus généralement, les résultats montrent que l'hémisphère nord a d'ores et déjà dépassé la barre des 1,5 °C fixée par l'accord de Paris sur le climat.

    Les cernes des arbres révèlent aussi que les périodes les plus froides des derniers 2 000 ans écoulés ont suivi de grandes éruptions volcaniques. C'est le cas pour le Petit âge glaciaire antique et pour le Petit âge glaciaire du début du XIXe siècle. Les aérosolsaérosols renvoyés dans l'atmosphèreatmosphère par les éruptions ont alors refroidi la surface de notre planète. L'été le plus froid qu'a connu l'hémisphère nord a été celui de l'année 536. Peut-être la pire année qu’a connu l’humanité. Cet été-là a été 3,93 °C plus froid que l'été 2023.

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    Ici, les températures estivales enregistrées par les instruments de météorologies figurent en rouge. En jaune, les reconstructions faites à partir de l’étude des cernes d’arbres — les incertitudes apparaissent en gris. Le tout exprimé sous forme d’anomalies par rapport à la moyenne de 1850 à 1900. © Jan Esper et al., Nature

    Les cernes des arbres pour mieux situer le réchauffement climatique

    Les années plus chaudes que les chercheurs peuvent lire dans les cernes des arbres correspondent, quant à elles, généralement au déclenchement d'un phénomène El NiñoEl Niño. Et au cours des 60 dernières années, le réchauffement climatique anthropique a provoqué une intensification de ce phénomène. Avec pour conséquence directe, des étés plus chauds dans notre hémisphère nord. C'est comme ça que l'été 2023 s'est hissé en tête du classement. Et que l'été 2024 va probablement battre de nouveaux records.

    « Ces reconstructions climatiques nous permettent de mieux prendre en compte les variabilités naturelles et ainsi, de replacer le récent changement climatique anthropique dans un contexte plus large, soulignent les chercheurs. Lorsque l'on regarde la situation dans son ensemble, cela montre à quel point il est urgent de réduire immédiatement les émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre ».