Une nouvelle espèce de méduse vient d’être découverte, flottant au-dessus d’un volcan sous-marin au large du Japon, à plus de 800 mètres sous la surface de l'océan Pacifique. Sa particularité : une étrange croix rouge en guise d’estomac, visible à travers son corps translucide. Seulement, à peine découverte, la voilà déjà menacée par l’extraction minière.


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    Une étrange méduse, dont l'estomacestomac ressemble à une croix rouge, a été découverte au-dessus d'un volcan sous-marin au large des côtes japonaises. Les chercheurs l'ont découverte à 812 mètres sous la surface de l'océan Pacifique, près des îles Ogasawara, au Japon. Elle flottait autour de la caldeiracaldeira de Sumisu, un volcan hydrothermal actif dont le cratère mesure près de 10 kilomètres de large, situé sur l'arc volcanique connu sous le nom de « cercle de feufeu ».

    Se montrer pour mieux se cacher

    Baptisée « méduse de la croix de Saint-Georges » (Santjordia pagesi)), ce spécimen inédit en forme de parapluie, d'un diamètre d'environ 10 centimètres, possède un corps entièrement transparenttransparent... À l'exception d'une croix rouge vif, qui prend sa forme en vue dorsale. Il s'agit de son estomac, ainsi coloré afin de dissimuler la nourriture qu'elle consomme aux prédateurs. En effet, une grande partie du régime alimentaire de cette créature se compose d'organismes bioluminescents : le fait d'avoir un estomac rouge diminue la lumièrelumière qu'ils émettent, protégeant ainsi la méduse des prédateurs, dans l'obscurité des abysses.

    L’estomac de cette étrange méduse est rouge afin de dissimuler la nourriture bioluminescente qui s’y trouve ! © JAMSTEC
    L’estomac de cette étrange méduse est rouge afin de dissimuler la nourriture bioluminescente qui s’y trouve ! © JAMSTEC

    Après la découverte : protection ou exploitation ?

    Cette méduse n'a été observée que deux fois. La première observation remonte à 2002 par un véhicule télécommandé (ROV), mais les chercheurs n'avaient pas pu décrire une nouvelle espèce sur la base d'un seul spécimen, car il aurait pu s'agir d'un individu mutant appartenant à une espèce déjà connue. En 2020, les scientifiques ont à nouveau étudié la zone et repéré la mystérieuse méduse en train de nager. Cette seconde rencontre n'a pas permis le prélèvement d'échantillons, mais l'enregistrement d'un film, sur la base duquel les chercheurs ont décrit le spécimen comme une espèce unique (pagesi), donnant également naissance à un nouveau genre (Santjordia) et une nouvelle sous-famille (Santjordiinae). Des preuves morphologiques et moléculaires indiquent depuis qu'elle est distincte des autres méduses, et l'équipe a fait part de ses conclusions dans une étude publiée le 20 novembre 2023 dans la revue Zootaxa.

    En raison de ses caractéristiques inhabituelles, les scientifiques ont émis l'hypothèse d'un nouveau type de venin, qui pourrait représenter une piste dans la recherche médicale, par exemple. Cependant, l'étude de son environnement a également montré sa richesse en minéraux exploitables dans le cadre du Deep Sea Mining. Les chercheurs ont donc publié leurs découvertes sur la méduse dans l'espoir de protéger la zone et sa vie marine.